Monde

Hommage à Patrice Lumumba!

Qu’il me soit permis d’honorer la mémoire de cet illustre héros panafricain. Patrice Lumumba est le personnage qui meut en moi. Il est une référence d’homme politique qui éclaire mon engagement politique. Assassiné déjà il y a 60 ans, mais il vit et traverse les générations en générations par son œuvre politique de voir l’Afrique debout.

Pour la petite histoire, je le découvris en 1997 au petit séminaire où je faisais mes études pour devenir prêtre catholique. Au lieu de lire la Bible et des bouquins spirituels occidentaux, j’avais une folle envie de lire les bouquins africains. C’est ainsi que je découvris Patrice Lumumba à travers Joseph Ki-Zerbo, le grand historien Burkinabé. Ma vocation de suivre l’engagement de Lumumba naitra quand un prêtre du nom d’Ambroise Atakpa nous faisait écouter les grands discours de nos héros des indépendances. C’était lors de ces séances que je portai en moi Patrice Lumumba à travers sa dernière lettre écrite à sa femme. Lumumba est victime d’une discrimination systémique et d’un racisme antinoir. Car, pour les Occidentaux d’alors, un Noir ne peut pas oser les défier. Cependant ils ont tué un Lumumba et il faut que naissent des Lumumba de générations en générations. Kossivi Oyono Dagbenyo, Président de l’ONG CADD

La dernière lettre de Patrice Lumumba à sa femme

Ma compagne chérie,

Je t’écris ces mots sans savoir s’ils te parviendront, quand ils te parviendront et si je serai en vie lorsque tu les liras. Tout au long de ma lutte pour l’indépendance de mon pays, je n’ai jamais douté un seul instant du triomphe final de la cause sacrée à laquelle mes compagnons et moi avons consacré toute notre vie. Mais ce que nous voulions pour notre pays, son droit à une vie honorable, à une dignité sans tache, à une indépendance sans restriction, le colonialisme belge et ses alliés occidentaux – qui ont trouvé des soutiens directs et indirects, délibérés et non délibérés, parmi certains hauts fonctionnaires des Nations-Unies, cet organisme en qui nous avons placé toute notre confiance lorsque nous avons fait appel à son assistance – ne l’ont jamais voulu.

Ils ont corrompu certains de nos compatriotes, ils ont contribué à déformer la vérité et à souiller notre indépendance. Que pourrai-je dire d’autre ? Que mort, vivant, libre ou en prison sur ordre des colonialistes, ce n’est pas ma personne qui compte. C’est le Congo, c’est notre pauvre peuple dont on a transformé l’indépendance en une cage d’où l’on nous regarde du dehors, tantôt avec cette compassion bénévole, tantôt avec joie et plaisir. Mais ma foi restera inébranlable. Je sais et je sens au fond de moi même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il se lèvera comme un seul homme pour dire non au capitalisme dégradant et honteux, et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur.

Nous ne sommes pas seuls. L’Afrique, l’Asie et les peuples libres et libérés de tous les coins du monde se trouveront toujours aux côtés de millions de congolais qui n’abandonneront la lutte que le jour où il n’y aura plus de colonisateurs et leurs mercenaires dans notre pays. A mes enfants que je laisse, et que peut-être je ne reverrai plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo est beau et qu’il attend d’eux, comme il attend de chaque Congolais, d’accomplir la tâche sacrée de la reconstruction de notre indépendance et de notre souveraineté, car sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité, et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres.

Ni brutalités, ni sévices, ni tortures ne m’ont jamais amené à demander la grâce, car je préfère mourir la tête haute, la foi inébranlable et la confiance profonde dans la destinée de mon pays, plutôt que vivre dans la soumission et le mépris des principes sacrés. L’histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseignera à Bruxelles, Washington, Paris ou aux Nations Unies, mais celle qu’on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches. L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au nord et au sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité. Ne me pleure pas, ma compagne. Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura défendre son indépendance et sa liberté.

Vive le Congo ! Vive l’Afrique !

Patrice Lumumba

cadadm

Coordinateur et animateur interculturel, Passerelles Espace Rencontre Interculturel, Fribourg en Suisse. (depuis 2011). Programmation et animation des activités interculturelles, des événements culturels et sportifs Gestion de la comptabilité : budget de fonctionnement (entrée et sortie de la petite caisse) Gestion administrative de l’association, mise en place et conduite des projets Recherche de fonds

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