Semaine de lutte contre le racisme du 21 au 28 mars 2018

Les objectifs ont largement été atteints à travers la projection des 3 films traitant chacun du racisme et surtout du racisme anti-noir.

• Point sur la semaine de lutte contre le racisme: Partie I

Le 22 mars 2018, soit le lendemain du 21 mars qui est officiellement la journée internationale de lutte contre le racisme, Passerelles et l’Association Togoviwo ont lancé la toute première activité comptant pour la semaine de lutte contre le racisme édition 2018. Comprenez que bien avant cette date le film « Les figures de l’ombre » fut choisi pour l’occasion. Si d’autres structures ont choisi de faire la sensibilisation, Passerelles et ses collaborateurs ont choisi pour leur part de renforcer la capacité des acteurs africains pour la cause. Si nous nous réjouissons du film fribourgeois « Le Regard de l’Autre » de Stéphane Boshung qui aura un impact significatif auprès des jeunes en les sensibilisant, il n’en demeure pas moins que de la sensibilisation il faut guérir le mal. Fort de cette conviction deux enseignements sont à retenir de cette soirée.

Le premier est la redécouverte de l’intelligentsia africaine au service du monde. C’est ce qui ressort de la projection « Les Figures de l’Ombre » qui brossent le portrait de trois femmes afro-américaines qui doivent faire leur place dans un monde machiste et où leur couleur de peau est une entrave que l’on pensait insurmontable. Le deuxième enseignement est l’appel lancé par l’intervenant à plus de solidarité entre les victimes qui doivent avoir l’audace de dénoncer chaque acte ou fait raciste. Le Coordinateur Kossivi Oyono exhorte les acteurs africains à une vigilance de tous les instants et pas seulement à l’occasion de ces journées consacrées à la lutte contre le racisme. Celui-ci appelle à une constante mobilisation au Nord comme au Sud pour combattre ce phénomène honteux qui est au fondement du sous-développement du continent Africain.

• Semaine de lutte contre le racisme Partie II

Le 23 mars 2018, a été projeté chez Passerelles le film documentaire du réalisateur Raoul Peck, « I am not your negro ».

A l’issue de la projection, un débat a eu lieu en présence d’un public nombreux et de Madame Helena Herrera, du service « se respecter » de Caritas. Le service se respecter est en effet mandaté par l’Etat de Fribourg en tant que pôle d’enregistrement et de traitement des faits de discrimination notamment raciale qui lui sont rapportés.

Dans ce cadre, Madame Herrera a insisté sur l’importance de leur saisine systématique afin de lutter contre la culture de l’impunité.

La projection du film a été l’occasion pour beaucoup de découvrir le long et lancinant combat mené par des figures historiques de la lutte contre le racisme. Il s’agit de Malcolm X et Martin Luther King. Il était saisissant de constater que les figures tutélaires de la lutte qui poursuivaient des buts similaires ont adopté des moyens différents. L’enseignement que l’on en tire est que les victimes de faits racistes devraient, dans leur mobilisation, développer des stratégies multidimensionnelles, complémentaires à celle des institutions axée essentiellement sur la sensibilisation.

Cet évènement a été l’occasion pour Madame Herrera de présenter la philosophie de son travail et de se faire connaitre du public. Beaucoup d’Africains se sont félicités de cette implication de l’État de Fribourg et espèrent des résultats concrets dans le combat contre les discriminations, dont le racisme anti-noir reste à l’avant-garde des différentes luttes.

De son côté Madame Herrera s’est félicitée de cette initiative et a annoncé un renforcement de la collaboration avec Passerelles afin que la voix des Africains soit entendue, témoignant ainsi une forme de reconnaissance du travail accompli par l’équipe ainsi que les bénévoles de l’Association.

Semaine de lutte contre le racisme Partie III

Le 25 mars 2018, Passerelles en collaboration avec l’ONG CADD, a projeté le film « Twelve Years a Slave ».

L’objectif de cette journée était de confronter les Africains avec leur propre histoire, souvent méconnue. La journée a commencé par un dîner partage à Passerelles afin de fédérer les différentes communautés étrangères et suisses. Elle s’est poursuivie par la projection avant de s’achever par une discussion plus informelle à Passerelles

Deux panelistes de taille ont été conviés afin d’animer le débat ayant suivi la projection. Il s’agit de Messieurs Komla Kpogli et Mutombo Kanyana

Après avoir décrypté les ressorts de la discrimination anti-noire et de la tragédie historique qu’a constituée l’esclavage, ces deux personnalités ont illustré parfaitement la nécessaire démarche pluridimensionnelle qu’il convient d’adopter dans la lutte contre le racisme, telle qu’elle ressortait du film documentaire de Raoul Peck « I am not your negro ».

La journée fut émouvante et intense. A des moments de la projection, le public a ressenti beaucoup de malaise face à la violence de certaines scènes et l’idée qu’elles aient été autobiographiques n’a fait que renforcer ce sentiment. Il est à noter également que pour certaines Africains, il s’agissait de la première immersion dans la réalité de la violence dont a été victime le peuple noir. Le même constat a été fait du côté des Afghans qui étaient dans l’ignorance totale du drame de l’homme africain.

Kossivi Oyono DAGBENYO, Le Coordinateur du projet et PDG de l’ONG CADD